LA FRANCE ET SON CARACTERE QUERELLEUR
Par Romée d´Harambure, un jour de pluie et d´humeur maussade.
Les français ont fait la révolution avec les grandes idées abstraites de la liberté pour chacun, la fraternité entre tous et l´égalité pour tous. Pour ce faire ils n´ont pas hésités à inventer la guillotine afin d´éviter que la décapitation ne soit réservée qu´aux nobles. Ils ont institué le régime de la terreur et des noyades de Nantes, avec pour justification qu’enfin les hommes puissent naître et demeurer libres et égaux en droit. Le résultat nous le connaissons. Un empire flamboyant, des conquêtes sans fin et un échec retentissant. Depuis ils ont inventés les syndicats qui défendent les droits acquis au lieu de s´intéresser à l´avenir, passant de grèves en grèves et s´engageant plus pour les minorités que pour défendre la cause des travailleurs. Peu de guerres civiles, quelques incendies de part et d´autres comme les tuileries ou la commune, un peu de résistance contre les nazis, qu´ils se sont empressés de transformée en victoire sur le mal non sans de nombreuses victimes dont il convient d´honorer la mémoire.
LA QUERELLE EST DANS SES GÊNES
Toute son histoire est faite de querelles internes. Il aura fallu le côté sacré et religieux d´une monarchie de droit divin et de la primogéniture de la loi salique pour mettre fin à toute contestation interne. Mais cela n´empêcha pas les querelles sur d´autres sujets et nombreux sont leurs combats pour défendre ce qui leurs semblaient juste. Il en est ainsi dès le début avec Sainte Geneviève patronne de Paris, de la guerre de cent ans contre les anglais et de Jeanne d´Arc, de la fronde des grands du royaume contre la montée de Versailles, suivies par la guerre des chouans contre les républicains, la révolte de la commune jusqu´au front populaire du siècle dernier. Querelleurs, violents, passionnés, le coq multicolore n´est pas pour rien leur symbole, pendant que les autres monarchies se croient plus fort en adaptant l´aigle parfois à deux têtes juste pour être moins ordinaire que les autres.
PAS DE QUERELLE SANS PASSION
Querelles et passions vont de pair. Passions et violences aussi. Ils ont des opinions et les défendent au point d´être prêts à tout risquer pour ce qui leur semble un grand idéal. Ils sont toujours de bonne foi, acceptant de risquer leurs vies pour une idée qui dépasse tout destin individuel. Aujourd´hui cela est représenté par la liberté de la presse, un principe qui ne se discute pas, même si c´est aux prix de morts violentes. C´est le seul pays qui descend dans la rue pour se battre contre l´avortement transformé en méthode contraceptive. Le seul pays qui défend les écoles libres, la mère au foyer pour réduire la délinquance, le mariage pour tous mais aussi le seul pays qui défend la laïcité comprise comme une libération du joug politique.
MARASME AMBIANT
Comme il n´est pas préservé de par son corolaire qui est la liberté de penser, protéger la police et l´ordre devient insulte à ces principes. Le président en essayant de rester au-dessus de la mêlée propose de «construire une nation apaisée», mais sa fonction s´étant petit à petit transformée en représentant du quotidien, il est obligé d´éviter les grandes questions du moment ou de noyer les problèmes en évitant de les citer. Ce faisant il est face à des manifestants qui dénaturent ses propos contraires à ce qu´ils pensent quand ils pensent mais qui bravent la pluie et sacrifient leur samedi pour crier «vivre libre ou mourir», une cause fort noble mais bien mal partagée dans les pays qui ont décidé de mettre tout le monde au pas.
QUESTIONS ET CONCLUSION
Comment utiliser cette qualité intrinsèque du français tapageur mais blagueur dans un monde de plus en plus lancinant et morose qui veut tout unifier dans la grisaille de la pensée unique?
Comment placer la France au-dessus de la mêlée au sein des grands organismes internationaux pour qu´elle reste un phare dans le brouillard des idées ambiantes sans perspectives à long terme?
Les réponses ne manquent pas mais elles sont parfois cruelles et contraires à l´immédiat. Nous avons la chance de pouvoir élire un président pour une durée limitée auquel il est demandé de réfléchir au long terme, c´est à dire à demain et pas à aujourd´hui. Pour ce faire il a un gouvernement mais seulement s´il le laisse gouverner pour se réserver l´avenir qui est aussi celui de nos enfants. Bref il serait temps que le système présidentiel souhaité par De Gaulle lors de la constitution soit rétabli et que le président soit enfin au-dessus de la normalité si chère à celui qui nous a représenté un temps mais sans grand succès.