HARAMBURE, UN FRANÇAIS À VIENNE QUI DÉRANGE.
Par C. Paris pour sa série «Personnalités» dans Echos du Mois». Juin 2020
Il n´en fait qu´à sa tête et rien n´a changé depuis que c´était un enfant gâté. De bonne famille´avec ce petit peu qui fait la différence, il fait partie de ceux qui sont aisés et qui peuvent raconter de quoi intéresser ses petits-enfants. Tout ne lui a pas réussi et il y a suffisamment d´histoires brillantes à son sujet pour se concentrer sur celles qui le sont moins.
Ayant épousé une autrichienne, il vit en Autriche où sont aussi ses quatre enfants. Il dit ne plus rien avoir pour avoir déjà tout transmis, mais cette pauvreté est très relative et nombreux seraient ceux qui s´en contenteraient. D´ailleurs il a fait dans le passé l´objet de quelques opérations fort critiquées.
Étant actif dans l´ immobilier il s´engage pour l´ hippodrome de la Freudenau à Vienne au moment où celui-ci fait l´objet d´une privatisation de la part du gouvernement autrichien. 101 hectares, un golf de 18 trous, 10 hectares constructibles, des boxes et des appartements de fonction à n´en plus finir dans le Prater de Vienne lui font espérer une bonne affaire d´autant que l´investissement est fait par le PMU (PMI) qui y laissera ses plumes. En effet, après deux ans de négociations, ces derniers laissent tomber l´opération et se retirent avec pour conséquence que la privatisation de l´hippodrome tombe dans son escarcelle via l´une de ses sociétés qui obtient un contrat de location de 100 ans avec droits de constructions. Un scandale en résulte et il fait l´objet d´une manifestation devant l´hôtel de ville de Vienne aux cris de «Frenchie go Home». Avec sourire, il dit à qui veut l´entendre qu´une telle manifestation n´est pas donné à tous les français de passage. Il est vrai que peu de temps avant il avait diné avec le maire de Vienne qui lui assurait sa complicité. La chance s´était retournée contre lui, car à l´occasion du Derby de Vienne les chevaux français étaient venu en masse mais avaient remporté tous les prix. On lui fit donc comprendre que le but n´était pas de financer les haras français mais de sauver ce qui restait de grand et de beau à Vienne en matière de courses.
Les résultats ne se firent pas attendre. Un groupe d´éleveurs et de Jockey font révolution et s´associent au milliardaire canadien Frank Stronach qui vient juste d´investir dans un nouvel hippodrome au sud de Vienne, lequel fera faillite quelques années plus tard. Une chance inespérée pour sa structure, IRM, (Interrace Rennbahn Management GmbH) qui se retrouve avec des boxes vides et débarrassé de tous les opposants. La rage au cœur, certains discréditent ce français tapageur, lequel entre temps s´était engagé dans d´ autres opérations immobilières. Sans le vouloir il donnait raison à ses détracteurs.
En effet, après avoir restauré le château d´Artstetten il s´engagea pour celui de Luberreg mais fut victime par deux fois d´inondations du Danube, puis pour le château de Pöchlarn qui devait devenir un centre de retraite. A peine un an après avoir pris les fonctions de président de la société immobilière en question, (Beldomo) les trois dirigeants furent accusé de détournement, tant la société récoltait de fonds propres pour ses opérations. Le scandale fit grand bruit. Les journaux, histoire de maintenir l´anonymat, parlaient d´un comte français, mais tout le monde savait de qui il s´agissait. Les opérations en cours furent immédiatement arrêtées laissant quantité de victimes sur le pavé. Après 7 ans d´expertises et contre expertises, il fut dédouané de tout soupçon par le tribunal mais pas dans les salons mondains, lesquels en profitaient pour lui rendre sa verve toujours latente et parfois blessante. Cela fut une belle occasion pour ses partenaires de l´hippodrome de lui demander de se retirer de l´opération, tout en l´assurant d´un contrat en cas de réalisation du projet escompté.
Aujourd´hui il est resté le même, sûr de lui et conscient de ce qu´il est, sans aucunement se gêner comme tant de ses congénères. Il est vrai que contrairement aux aristocrates autrichiens les français ont plus de deux cents ans d´histoire mouvementée derrières eux. Lui continue dans l´immobilier ayant fait comprendre aux banques que le passé était le meilleur exemple pour lui faire confiance. Celles qui lui fermaient ses comptes lui déroulent aujourd´hui un tapis rouge. Depuis vingt ans il en profite, sans bruit et sans éclats, ayant compris une chose, celle de ne pas faire de jaloux. Sa belle-famille, (Hohenberg) qui dispose d´une place particulière en Autriche, l´apprécie comme il est, parfois un peu aventureux, parfois capricieux mais toujours prêt à aider si cela correspond à sa façon de voir les choses. Certains craignent sa verve, d´autres ses histoires pleines de sous-entendus et d´autre l´évitent. Il dit ne plus rien avoir et ne plus rien faire mais cela n´est pas vrai. Il est actif à la recherche de Start up en participant à des tours de table d´investisseurs. Son contrat de la Freudenau a fait l´objet d´un avenant qui lui est favorable, ses sociétés immobilières font des jaloux même si elles ont toutes été transférées à ses enfants, ses mémoires sont craint par tous ceux qui le redoutent mais nombre de ses locataires se réjouissent de l´avoir même s´il les désigne avec un sourire narquois comme «cheptel vivant qui assure la pérennité de ses fiefs».
Les français qui font parler d´eux en Autriche sont peu nombreux pourtant le pays ne manque pas de personnalités. Une fille de l´ancien comte de Paris a épousée un comte Schönborn, le comte de Paris actuel a épousé une autrichienne et le récent mariage du Prince Napoléon a fait grand bruit mais seulement en France. Ici on ne fait pas parler de soi, on laisse cela à ceux qui en ont besoin. Mais il arrive que certains se trouvent pris dans le piège sans même le vouloir et le cas le plus flagrant est celui de la comtesse de Castelbaljac née Turnauer, héritière d´une des plus grandes fortunes industrielle qui a fait la une des journaux pendant des années. En évoquant cela, un sourire éclaire le visage de Romée d´Harambure. Est-ce le plaisir malicieux de voir quelqu´un d´autre pris au piège ou juste de la bienséance? L´histoire ne le dira pas, mais je sais que l´importance des opérations auxquelles il s´intéresse se portent mieux dans la discrétion.